Journal n°50 (Juin 2020)

Vivre ou survivre?

Les semaines qui viennent de s’écouler auront été particulièrement marquantes, que ce soit dans nos vies personnelles et professionnelles ou comme habitant­e de ce pays.

La gestion de la pandémie a donné lieu à beaucoup d’excès et à tout le moins d’improvisation et d’impréparation. Le gouvernement a décidé brutalement de confiner l’ensemble de la population tout en laissant des salarié­es au travail. On a eu du mal à comprendre parfois sa logique mais pas sa communication anxiogène relayée par les médias et certains professeurs de médecine. Il ne s’agit pas de minorer l’épidémie et ses impacts mais il aurait été possible de parler à la population comme à des adultes. Cela n’a pas été le cas et s’est ajouté une multitude d’ordre et contre­ordres (masques, tests, etc.). Dans le même temps une loi d’urgence sanitaire a été proclamée qui a permis de restreindre fortement les libertés sans que cela semble gêner le gouvernement qui l’a reconduite sans broncher, et aujourd’hui quand il parle de ne pas la renouveler il prépare un projet de loi pour restreindre encore les libertés. Ministres comme président ont alors décidé de gouverner seuls. Nous n’avions besoin ni d’un père, ni d’un guide. Macron aimerait se poser en figure tutélaire, posture qu’il n’arrive pas à endosser au contraire de l’autoritarisme qu’il semble apprécier.

Ce qui a permis en vérité de passer cet épisode épidémique c’est l’engagement et le travail des personnels du service public de santé, tout comme aujourd’hui la reprise de l’école repose sur les épaules des personnels de l’éducation. Les personnels soignants protestent depuis des années contre la gestion austéritaire de l’hôpital public (100 000 lits en moins entre 1993 et 2018 !). Ils et elles ont dû pour faire face à la vague épidémique déprogrammer des centaines d’opérations du fait du manque de lits. C’est ce qu’ils contestent depuis des années et qui est apparu en pleine lumière. Aujourd’hui les personnels de l’hôpital ne veulent pas de médailles ou de reconnaissance de l’Etat un 14 juillet mais une reconnaissance salariale, en particulier pour les infirmières et aide­soignantes. C’est plus que nécessaire : le 16 juin sera une journée d’action et de grève dans la santé à laquelle la CGT Educ’action appelle à participer.

Le jour d’après dont on nous parle n’est que le lendemain du jour d’avant. Le patronat et le capital ne s’y trompent pas quand ils décident de fermer des usines comme Renault à Choisy le Roi. Les salarié­es réagissent par la grève et la manifestation. Ce n’est pas nouveau, il nous faut l’amplifier pour conduire des luttes victorieuses.

Dans notre secteur, cela fait plus d’un mois que la reprise s’est faite d’abord dans les écoles puis les collèges et les lycées. Nous avions appelé à ce que cette reprise ne se fasse que si les conditions de sécurité sanitaires étaient respectées et si les personnels le décidaient. 

Le ministère de son côté a envoyé pour les écoles un protocole inapplicable et qui laissait la porte ouverte à toutes les dérives. Les images des enfants marchant au pas en tendant le bras devant eux nous ont tou­tes choqué­es. L’école n’est ni une caserne ni une prison. Les personnels l’ont compris et ont adapté tout en respectant les conditions sanitaires. Nous continuons à penser que les enfants ont besoin d’école. Nous n’attendons rien de positif du ministère qui ne prévoit rien pour septembre en termes d’améliorations des conditions de travail et d’étude. Aujourd’hui nous exigeons le retrait des mesures de fermetures dans les écoles ainsi qu’un allégement des effectifs dans les collèges et lycées. Pour cela un collectif budgétaire est nécessaire.

Vivre ou survivre c’est bien l’enjeu. Nous n’acceptons pas les miettes et les promesses du ministère et du gouvernement qui veulent nous conserver sous leur joug. Nous voulons vivre, lutter et gagner !

Samuel Serre, secrétaire général