« Et vous, les groupes de niveaux, ça se passe comment ? »
On ne cesse de poser la question aux collègues enseignant au collège, tant les stratégies et bricolages sont nombreux pour faire avec une réforme dont personne ne voulait, et qui nous est imposée néanmoins. Contesté par les personnels comme les parents d’élèves, le gouvernement a dû mettre en pause certaines des dispositions envisagées dans le « choc des savoirs », mais la mesure phare – l’enseignement en maths et français organisé en groupe de niveaux/besoin sur la totalité de l’horaire pour les 6e et les 5e, a été maintenue de force.
Faute de moyens supplémentaires, l’ouverture de ces groupes s’est faite au détriment des autres disciplines et dispositifs : suppression de demi-groupes, d’accompagnement personnalisé… Pour arriver tant bien que mal à des effectifs réduits sur certains groupes. Tant pis pour le reste. Certains établissements gardent autant de groupes que de classes, faisant le choix d’une moindre latitude dans les effectifs pour consommer moins d’heures.
La lourdeur d’un fonctionnement obligeant l’alignement de plusieurs classes sur les heures de maths et français dégrade l’organisation des établissements et impose des contraintes absurdes aux élèves et aux personnels. Or, une grande partie des équipes décide de toute façon de résister au projet initial et de faire des groupes hétérogènes, seul moyen de contrer un tant soit peu le tri des élèves et la stigmatisation de leurs difficultés.
Partout on rencontre cette forme de résistance résignée, l’idée de limiter les dégâts cette année, en espérant que la mesure soit vite abandonnée. Mais pour cela, il faut continuer à nous mobiliser, à demander l’abrogation de cette réforme et à lutter contre le projet destructeur de l’école imaginée par le gouvernement Macron.
Lo Conche, secrétaire de section collège Victor Hugo, Nanterre