Déclaration CGT au CTSD sur les DHG

Déclaration CGT au CTSD sur les DHG

Madame la directrice académique,
Contraint de réagir après le succès de la grève de jeudi 13 janvier, Jean-Michel Blanquer a présenté une série de mesures qui, si elles dénotent une certaine fébrilité du pouvoir, restent insuffisantes. Les annonces de recrutement de contractuel-les consistent en bonne partie en un recyclage de moyens déjà prévus mais jamais déployés. Aussi, nous sommes sceptiques sur leur mise en oeuvre concrète et rapide pour répondre à la charge de travail induite par l’application du protocole sanitaire. Il est en tout cas nécessaire de reporter les épreuves des enseignements de spécialité pour le bac général et technologique, le suivi pédagogique ayant été affecté par les effets de la crise sanitaire. De manière plus générale, la CGT Educ’action revendique un retour à des épreuves terminales, nationales et anonymes.
Au-delà de la forte désorganisation des écoles et établissements que nous connaissons depuis bientôt trois semaines, le service public d’éducation est profondément affectée par des années d’austérité et en particulier par les réformes structurelles menées par ce ministre. Après deux années à le faire fonctionner dans des conditions difficiles, les personnels attendent autre chose que des mesurettes. La grève de jeudi 13 a d’ailleurs été en bonne partie une grève de ras-le-bol contre la politique du gouvernement. Il faut impérativement changer de cap, et cela passe aussi par des créations massives de postes et une augmentation générale des salaires. Les récents rapports parus sur les salaires dans l’Education Nationale sont édifiants. Avec une perte de 20 à 25% de salaire depuis 2000, les enseignant-es en France sont largement moins bien payé-es que leurs homologues des pays voisins. Dans ce contexte, maintenir gelée la valeur du point d’indice est inadmissible. C’est pour gagner une augmentation immédiate des salaires que la CGT appelle à la grève jeudi 27 janvier.
En ce qui concerne l’allocation des moyens d’enseignement dans le second degré pour la prochaine année scolaire, nous ne pouvons nous satisfaire ni de l’enveloppe attribuée au département des Hauts-de-Seine ni de la répartition effectuée entre les établissements. Dans les collèges, en particulier, la diminution de près de 950 heures-postes va se traduire inévitablement par de nombreuses suppressions de postes. Si la baisse démographique prévue survient bel et bien, elle aurait justement pu permettre de souffler un peu dans ces établissements du département aux classes surchargées. En ce qui concerne la répartition de la dotation au sein du département, nous constatons pour la troisième année consécutive les effets de l’application du nouveau mode de calcul de la marge sur les établissements ayant les IPS les plus faibles. Contrairement à la présentation qui nous est faite d’une allocution juste et objective, ce mode de calcul traduit une volonté politique de réduire les moyens là où les besoins sont les plus forts. C’est très net cette année dans les collèges, où la baisse de la marge qualitative est générale en REP. Parallèlement, les 300 heures récupérées sur la marge des collèges aux IPS les plus faibles sont basculées sur la marge des autres collèges, qui voient quasiment tous leur marge augmenter. La CGT Educ’action 92 s’oppose à cette politique inégalitaire. L’augmentation nécessaire des moyens d’enseignement dans tous les établissements ne peut se faire au détriment de ceux qui en ont le plus besoin.
Mais la perte d’heures, notamment d’heures-postes, ne se limite pas aux seuls collèges REP/REP+. La suppression d’une division est souvent l’occasion d’un retrait important d’heures-postes, menaçant les postes implantés. Surtout, toute suppression semble bonne à prendre dès qu’elle est possible selon les effectifs prévisionnels, qui sont par ailleurs très incertains. C’est le cas par exemple au lycée Jacques Prévert de Boulogne-Billancourt dont une division de seconde serait supprimée. À terme, ce sont vraisemblablement une division de première et une division de terminale qui seraient supprimées à la suite. La baisse de la DHG va de plus au-delà de la seule suppression de la division et s’ajoute aux 32 heures perdues l’année précédente, dégradant fortement les conditions de travail. Les personnels étaient massivement en grève mardi, le jour du groupe de travail, pour exprimer leur colère. Les représentants CGT des personnels du lycée ont demandé à être reçus en audience.
Pour terminer, nous souhaitons revenir sur les informations transmises aux organisations syndicales en amont de ce CTSD et les réponses apportées à nos interventions lors du groupe de travail. Les IPS des établissements n’ont été transmis que la veille du GT alors que cet indicateur est devenu central dans le calcul de la marge, ce qui ne nous a pas permis de préparer correctement le GT. Surtout, la connaissance de la marge et de ses modalités de calcul nous est nécessaire. En ce qui concerne les réponses à nos interventions lors du GT, notamment sur les évolutions prévisionnelles des structures, elles se sont bornées la plupart du temps à des considérations générales qui nous seront vraisemblablement données au CTSD. Nous ne comprenons pas pourquoi ce qui était possible avant ne l’est plus maintenant. De plus, alors que nous devions recevoir les réponses par mail établissement par établissement, nous n’avons rien reçu. La CGT Educ’action 92 exige le respect de la loi. Selon l’article 50 du décret n°2011-184 du 15 février 2011 : « Toutes facilités doivent être données aux membres du comité pour exercer leurs fonctions. En outre, communication doit leur être donnée de toutes pièces et documents nécessaires à l’accomplissement de leurs fonctions au plus tard huit jours avant la date de la séance. » Enfin, nous contestons la justification systématique à une diminution de la marge, consistant à dire qu’il faut se rapprocher d’un modèle théorique, sans que ce modèle n’ait jamais discuté avec les organisations syndicales. Cela participe d’un mépris de la parole des personnels, qui vivent au quotidien les effets des baisses de moyens.